12 mai 2016

Trek de 2jours Banaue – Batad -Bangaan

Batad et ses 2 églises : catholique et protestante

Batad rice terraces

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11/05 – De Banaue à Cambulo en passant par Pula

Après une frayeur à 5h du mat’ du côté de la météo (réveil furtif pour Chacha, je me lève pour voir le temps il pleut…), nous tentons quand même de démarrer le trek ce mercredi. Texto à Elmer pour confirmer, petit dej avec Thierry&Nico et adios.

Banaue et ses viewpoints

Notre guide arrive à 8h15 au green village comme il dit. Un tricycle nous remonte sur la route en provenance de Bontoc, on refait 2 points de vue sur les rizières de Banaue avec le soleil cette fois!
Nous avons les explications des chapeaux des femmes Ifugao. Elmer est très intéressant, on ne regrette vraiment pas d’avoir mis le prix. A chaque bonne récolte son rituel d’offrandes animales et hop, 1 plume de plus dans le chapeau des Ifugao.

Elmer et de vieilles femmes Ifugao

Elmer nous explique les costumes traditionnels : une tenue colorée avec beaucoup de motifs et dessins pour le riche, juste des couleurs pour la classe intermédiaire, et un costume noir pour le pauvre. Peu de monde en porte aujourd’hui si ce n’est pour le folklore.
On apprend qu’il y a aux Philippines une superficie totale de rizières de 400km2, info à vérifier ça me paraît beaucoup…
A Banaue, 50% de la population travaille dans les rizières et la région de Banaue était composée au dernier recensement de 30000 personnes. Et ici, il n’y a pas assez de riz pour nourrir tous les habitants, ils sont obligés d’en acheter…
Et enfin les différences d’architecture :
– les murs en boue (Banaue, rizières de 3000 ans) sont réalisés en partant du sommetde la montagne et en creusant et décaissant la terre
– les murs en pierres (Batad, Bangaan, rizières de 2000 ans) sont construits en partant du bas et en les élevant les uns après les autres, méthode plus longue évidemment mais plus pérenne dans le temps.

Point de vue des rizières de Banaue

Banaue – Pula, forêt des wood carvers

Le tricycle nous dépose au départ de la randonnée. Elmer nous demande si ça ne nous dérange pas qu’il « chew », pas de soucis, il nous explique ce que c’est. La « mama », sorte de chique locale et apparemment très addictive est composée de 4 éléments : des feuilles de vigne, de la poudre blanche d’escargots, des « graines » de palmier, et du tabac. Ils ouvrent en 2 la graine, la « trempent » dans la poudre blanche (ne pas trop en mettre!), entourent le tout d’une feuille de vigne, mettent dans la bouche, rajoutent un peu de tabac, et mâchent le tout. Ça leur fait les dents toutes rouges. La potion leur permet de rester éveillé et de supporter la chaleur, dixit Elmer.
En marchant dans la forêt, on aborde un peu tous les sujets : histoire, politique, nature…

Histoire des Philippines
Un homme d’Asie pacifique a découvert les Philippines, puis sont arrivés des hommes d’Indochine, d’Indonésie, de Malaisie, et de Chine. Il y a eu beaucoup de troc avec les chinois jusqu’à ce que certains restent sur le territoire. Ensuite est arrivé Magellan qui a été tué mais certains espagnols ont réussi à rentrer chez eux avant de revenir quelques années plus tard pour coloniser le pays : plus de 300 ans de colonisation espagnole. Il y a eu ensuite les américains un peu moins de 50 ans jusqu’en 1941, avant la présence des japonais pendant la 2nde guerre mondiale jusqu’en 1944 où les américains sont revenus sauver le peuple philippin avant de leur laisser le champ libre pour se démocratiser.
En cours de route, nous entendons des cigales, Elmer fait un bruit particulier composé de 2 notes répétées et les cigales affluent sur son corps pour finir toutes sur sa bouche, impressionnant et génial!

Les wood carvers
Elmer était bûcheron si j’ai bien compris avant d’être guide, mais le métier était difficile physiquement et payait moins. Il nous explique qu’il récupérait le bois dans la forêt et le vendait en gros à la ville avant que celui ci ne soit retravaillé et vendu aux clients finaux. Elmer n’était parfois payé qu’un mois après livraison. Et surtout il existe beaucoup de corruption du gouvernement sur la vente du bois…

Départ à pied pour 2 jours de trek - traversée de forêts

Nous marchons grosso modo de 9h30 à 12h30 avant un arrêt picnic au bord d’une petite cascade.

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Nous hésitons à nous baigner le soleil jouant à cache cache avec les nuages, les gosses de Pula n’hésitent pas! Ils arrivent 30′ après nous et sautent dans l’eau comme des singes ou des grenouilles, ils sont vraiment drôles. Sans surveillance, certains n’ont pas 6 ans et savent à peine nager. Les fesses à l’air, ils passent autour de nous et se couchent comme des phoques sur les rochers brûlants pour se réchauffer.

Village originel de Pula - explications du riz et des poulets en cage

On repart vers 13h30, traversée du village originel de Pula avec les toits faits avec les feuilles séchées d’une plante vue dans la forêt. Des cages pendent des maisons, Elmer nous dit que les poussins et poules sont en liberté la journée mais rappelés le soir par les villageois pour les mettre en cage et ainsi les protéger des bêtes sauvages la nuit.

Pula – Cambulo, rizières en terrasses

Nous traversons les rizières de Pula sur les murets, et à flanc de montagne, le paysage est superbe.
Elmer nous montre encore la fameuse plante utilisée pour les toits des habitations, mais cette fois avec une autre utilité : elle est placée à l’entrée des terrasses en période de pousse avec un noeud signifiant mauvais sort à l’imposteur qui ose marcher dans le riz en ce moment.

Cet ananas ne demande qu'à être cueilli...
Il y a aussi les grosses plantes à feuilles rouges appelées dans le dialecte locale « tchongola », elles ont de nombreuses raisons d’être : délimitation des propriétés, éloignement des mauvais esprits, attraction de la lumière vers la plante et on le riz pour éviter de le dessécher, et enfin selon les villages il y avait autrefois une danse de la guerre et les autochtones mettaient une feuille sur leur front en guise de symbole du sang.

Histoire des escargots du gouvernement…
Le gouvernement a proposé il y a quelques années aux propriétaires de rizières d’utiliser un escargot qui était censé manger et nettoyer des herbes les murs de soutien des terrasses afin d’empêcher les rats de venir manger le riz, ceux ci se baladant de terrasses en terrasses grâce aux grandes herbes pour remonter sur les murs.
Malheureusement, la solution s’est transformée en problème et les escargots mangent maintenant eux même le riz! Le gouvernement n’a alors rien trouvé d’autre que de s’affilier à une entreprise de pesticide pour trouver une solution. Heureusement les philippins refusent les pesticides et continuent de nettoyer leurs terrasses à la main (herbes sur les murs + escargots dans le riz maintenant)…

De Pula à Cambulo

Le cycle du riz : il varie selon les endroits mais correspond à peu près à ce qui suit.
– Oct/Nov : préparation des rizières (travaux, applanissement réalisés par les hommes, nettoyage réalisé par les femmes)
– Déc : plantation faite par les femmes des épis récupérés de l’année précédente, posés à l’horizontal au sol dans les terrasses pour avoir un maximum de graines fertiles
– Janv/Fév : les zones de premières semences (seeds) poussent durant 2 mois jusqu’à devenir d’un vert vif avec la densité des nouvelles pousses (très serrées les unes aux autres)
– Mars/Avr/Mai/Juin : transplantation réalisée par les femmes qui dure de 4 mois à 4 mois et demi. Les pousses de riz ont besoin d’espace entre elles pour se développer, la transplantation consiste à prendre une poignée de « seeds » (premières semences), et à en extraire les brins un par un pour les insérer dans les terrasses alentours suffisamment espacés les uns des autres. La technique de transplantation permet d’être sur de mettre des graines fertiles en terrasses (puisqu’elles ont déjà démarré) et en plus d’avoir un repère visuel sur la disposition spatiale ayant déjà une petite hauteur. Avec 1 « seeds », on peut faire énormément de terrasses.
– Juill/Août : ramassage effectué par
les femmes
– Sept : coupe des épis + fertilisation

Très peu de villages ramassent 2 semences différentes dans la même année, et la deuxième pousse du riz n’est pas terrible apparemment.

Arrivée à Cambulo vers 17h, les israéliens sont en nombre, dont une fille qui est tombée d’un mur et s’est fait mal au genou.

Village de Cambulo - stop bien mérité

Douche, dîner aux tonalités israéliennes, et dodo avec les geckos.

12/05 – De Cambulo à Bangaan en passant par Batad

Un bon petit dej à base de pancakes histoire de prendre des forces et on décolle à 7h30 de Cambulo.

Cambulo – Batad & waterfalls

On fait direct une bonne montée d’une heure et quelque pour arriver sur un des points de vue des rizières de Batad. Tout simplement somptueux!

Batad : une des merveilles de ce monde!

Le soleil est avec nous pour le moment malgré les orages annoncés. On flâne 30′ ici à observer ce spectacle sensationnel. On enchaîne ensuite par une grosse descente de 1300m de dénivelé, tout en marches (mes genoux adorent) pour arriver à la cascade de Tappia.

Tappia's waterfall

Baignade et farniente de 10h à 11h30. Remontée des marches infernales (hauteur de marches énorme en prime) et traversée des rizières de Batad. Lunch time dans un petit restau avec vue exceptionnelle.

D'accord, le plat ne fait pas rêver!

Batad – Bangaan – Banaue

Le démarrage un peu après 13h nous calme. Encore un register fee (de partout les philippins font payer des petits droits d’accès aux sites, ils appellent ça taxe environnementale).

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Dernier regard sur les murs en pierres de Batad, reconnaissables par leur hauteur impressionnante, et nous avançons sur le sentier de 3h en direction de Bangaan.

Rizières de Bangaan

Le ciel se couvre…Pas manqué, après 15′ de marche de nouveau dans la forêt, les gouttes commencent à tomber, et vont se transformer en un déluge d’une bonne heure. On ne voit plus rien, la brume est venue s’inviter à l’orage, dommage ça a l’air chouette. Arrivée vers 15h15 complètement détrempées au bord de la route où un tricycle nous attend. 5′ de moto nous amènent à Bangaan pour un joli site miniature, à comparer des autres, avec des murs en pierres de faible hauteur.

Village de Bangaan au milieu de ses rizières

Le petit village de Bangaan est au centre des rizières dans une cuvette, et semble protégé par toutes ces terrasses de riz qui l’entourent.
Retour en tricycle à Banaue en 45′, remerciements chaleureux à Elmer à 16h30 (n’hésitez pas à le faire travailler si vous êtes dans les parages +639994012262), et douche en mode furtif au green village. On embarque dans notre bus de nuit pour Manille à 18h30 (450pesos/pers.).

Photos

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9 commentaires

  1. Makhlouf · 6 juin 2016 Répondre

    Finalement Sa Pa ne vous manquera pas, hormis peut-être la bouffe, au vu de ce beau plateau repas!^^ Impressionnantes ces rizières verticales!
    Trop chouette la photo de vous deux devant les rizières!

  2. alexandre jaclain · 21 décembre 2016 Répondre

    Waou! Superbe. Ça donne envie ! J’avais une question: le détour pour baangan vaut-il le coup? Je prend note du numéro de votre guide, car j’ai cru comprendre que l’offre des guides étaient très forte, et pas toujours au top. Combien avez vous payé pour cette rando de deux jours?

    Merci d’avance, et bravo pour le blog !

    • Chacha · 21 décembre 2016 Répondre

      Bonjour,
      De mémoire nous en avions eu pour 4000 pesos pour 2 personnes. Si vous êtes plus nombreux vous pouvez négocier jusque vers 1300-1500 pesos par personne.
      Le détour par Bangaan n’est pas le plus spectaculaire, mais il en général compris dans les tours. Vous finissez la randonnée à pied où un tricycle vient vous récupérer et l’arrêt à Bangaan est sur la route du retour avec un petit crochet de 5 minutes en tricycle. Si vous hésitez, vous en aurez déjà pris plein les yeux à Banaue et Batad, donc le crochet n’est pas forcément primordial.
      Bon voyage!

  3. alexandre jaclain · 18 janvier 2017 Répondre

    Merci pour la réponse! Je pars demain, et je compte faire ce tour. J’avais une question logistique. Sur ces deux jours, vous voyagiez avec vos gros sac de rando, ou vous les aviez déposé dans une guesthouse ?

    • Chacha · 18 janvier 2017 Répondre

      Bonsoir,
      Nous avions laissé nos gros sacs à dos durant les 2 jours de trekk dans l’auberge où nous avions dormi la veille, à négocier au départ comme compris dans le prix de la nuitée.
      Au plaisir.
      Profitez en bien

  4. fg2h · 5 février 2017 Répondre

    Bonsoir,

    Est ce que le prix de 4000 php/pers. intégrait le guide, les frais de patrimoine, les transports en tricycle, la nuit en guesthouse, , les repas et eau ?
    Merci d’avance de votre réponse.

  5. Charline · 13 mars 2017 Répondre

    Bonjour,

    Merci pour toutes vos infos!!!

    Nous partons (à 2) aux philippines en mai. Nous arrivons le 12/05 à 13h à Manille.

    Pensez-vous qu’il est possible (et suffisant) de prévoir 3j pour visiter les rizières, c’est-à-dire : prendre le bus le 12 mai au soir, rester le 13 sur Banaue, partir le 14 au matin en trek (2j/1nuit) et reprendre le bus pour Manille le 15 au soir (vers 18h si j’ai bien compris).

    Merci pour votre réponse!

    • Chacha · 14 mars 2017 Répondre

      Bonjour Charline, 3j ça fait un programme sacrément compact (2x 12h de bus peu confortable pour 3j sur place sans parler de météo…) mais je pense que c’est jouable. Le point le plus contraignant dans votre cas sera les plannings des bus. Aux Philippines ils ne se réservent pas vraiment à l’avance (par téléphone ou internet), mais en allant aux gares routières on peut acheter des billets pour le lendemain ou 2-3j plus tard et du coup c’est au premier arrivé premier servi. Vous trouverez plusieurs compagnies de bus partant de Manille (attention aux bouchons), et au retour il y a 2 compagnies de bus (partant soit à 18h soit à 20h de memoire). Qd nous y étions arrivées à Banaue, nous étions directement allées réserver le bus retour roulant 3j plus tard et avions eu de la chance, il ne restait plus que 4 places…

      Disons que vous devriez prendre un peu de marge sur vos activités après le nord, par exemple ne pas avoir un avion à prendre le 16 au matin, surtout avec les aléas des transports aux Philippines.
      Bon voyage. Vous allez vous régaler!

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